Un autre monde est possible et plus que jamais nécessaire ...

UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE
et plus que jamais nécessaire ...

 PAR

Patrick Lebrun
Secrétaire général de l'IRW-CGSP

Laurent Pirnay
Secrétaire général adjoint de l'IRW-CGSP

Tribune Mars 2019

La législature qui s'achève restera dans les mémoires pour la violence des politiques qui furent menées mais également pour la violence des paroles et le mépris affiché par les membres du gouvernement.

Au cœur de la stratégie de communication de ce gouvernement, la question migratoire illustre parfaitement cette situation.

Ainsi, on se souviendra longtemps des déclarations de la N-VA, par l'entremise de Théo Francken, alors Secrétaire d'État à la migration et à l'asile. Les attaques furent violentes tant contre les migrants que contre les citoyens solidaires. Ces derniers étant considérés comme des criminels, comme des passeurs, des trafiquants.

Ces propos odieux n'ont jamais été sanctionnés par un Premier ministre plus soucieux de sauver son poste que de défendre la solidarité et les droits humains. Tout au plus se contentait-il de recadrer son Secrétaire d'État. Ses recadrages à répétition étaient de ceux que l'on adresse, avec un sourire, à un gamin un peu trop turbulent. Jamais ils ne furent un désaveu ou une quelconque sanction politique. Le premier ministre était bien trop faible pour cela.

Les récents événements relatifs au scandale de la vente de visas humanitaires apportent un éclairage cru sur ces déclarations.

En effet, ils nous rappellent que le parcours des migrants est, d'abord et avant tout, un vaste circuit économique au sein duquel certains s'enrichissent en profitant de la peur et de la détresse de ceux qui osent, contraints, le grand voyage.

Car, ce que Francken and Co ont toujours oublié de dire c'est le courage qu'il faut pour tout abandonner. Bien que parlant régulièrement des migrants, jamais ils n'ont mentionné le calvaire du voyage, jamais ils n'ont dit qu'il fallait payer les militaires ou la milice pour passer la frontière, il fallait encore payer pour passer la Méditerranée, payer pour être véhiculé et payer toujours pour acheter, au noir, son visa humanitaire. Sans oublier les risques d'être vendu comme esclave, de mourir en Méditerranée ou d'être violée. Tout cela, cette triste vérité n'a jamais été dite.

De fait, cette séquence place les vendeurs de visas sur le même pied que tous les profiteurs de la détresse humaine. Tous ces mafieux, ces trafiquants d'êtres humains.

Heureusement que dans ce parcours pour fuir la guerre, il y a des citoyens solidaires qui laissent vivace la flamme de la tolérance et de la solidarité. Qui crient à la face du monde que « personne n'est illégal ! » et que « la solidarité n'est pas un crime ! » et qui, surtout, traduisent, en actes, ce cri de colère. La solidarité devient un acte politique de résistance. Cet élan de solidarité et de fraternité fait la preuve que l'Humanité vaut mieux que le racisme, que la haine, que Théo Francken, que Mattéo Salvini, que Marine Le Pen et que tous les lâches, fussent-ils premier ministre, qui regardent et laissent faire.

L'extrême difficulté du parcours des migrants, l'indigence des réponses politiques tant au niveau européen que national, les volontés affichées de fermer les frontières, tout cela s'inscrit pleinement dans la logique du système capitaliste.

Ils veulent mettre à mal ce qui est gratuit, désintéressé, ce qui entretient l'intelligence, l'altruisme, la solidarité. Tout cela doit être décrédibilisé au profit d'un système égoïste faisant de la compétition généralisée un moyen d'enrichissement de quelques profiteurs.

Ce qu'ont affirmé ces citoyens solidaires, mais aussi l'ensemble des manifestants pour une autre politique climatique, pour de meilleures conditions de vie ... c'est qu'un autre monde est possible et plus que jamais nécessaire.